Ateliers D4D sur les données géospatiales au service de l’innovation numérique et du développement durable du Sénégal, Dakar, 1er juin 2022
Seul le prononcé fait foi.
Madame la Déléguée Générale de la DER/FJ,
M. l’Ambassadeur de Belgique,
M. le Chef d’Etat-major Particulier du Président de la République, (TBC)
M. le Secrétaire Général du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation,
Mme la 1ère conseillère Technique du ministère de l’Économie Numérique et des Télécommunications,
Monsieur le Président du Groupe Interinstitutionnel de Concertation et de Coordination en Géomatique (GICC) et Directeur général de Sénégal Numérique SA,
Mesdames et Messieurs,
C’est un plaisir d’être à nouveau ici, à la DER, chère Aby, avec vous ce matin pour le lancement de ces ateliers sur les données géo-spatiales au service de l’innovation numérique, un secteur hautement stratégique pour répondre aux nombreux défis auxquels nos sociétés sont confrontées, et en particulier aux objectifs du développement durable.
Le secteur du spatial est en pleine expansion et ouvre une multitude de nouveaux champs d’application. On estime qu’il y aurait aujourd’hui environ 7500 satellites en orbite autour de la terre. Le nombre de satellites mis en orbite en 2020 (environ 1300), a doublé par rapport à 2019. A titre de comparaison, environ 60 satellites avaient été mis en orbite en 2010. Cette progression s’explique en particulier par le lancement de nouvelles constellations, les plus emblématiques étant OneWeb, et Starlink.
Cette progression exponentielle ouvre, ou aiguise de nombreux débats, notamment sur la gouvernance de l’espace pour laquelle la coopération internationale est essentielle afin d’assurer une utilisation sûre et durable de l’espace, mais également sur les opportunités ainsi offertes par le développement de nouvelles applications et la création de nouvelles activités économiques, objet de la rencontre aujourd’hui.
L’usage des données satellitaires d’observation de la terre permet en effet de développer de nombreuses applications dans de nombreux domaines : l’urbanisme, la santé, la surveillance, l’agriculture ou encore la gestion des ressources naturelles.
A titre d’exemple :
la télé-épidémiologie fournit aux acteurs de la santé publique des services adaptés pour surveiller et de prévoir les épidémies ;
face à une urbanisation en plein essor, des cartographies satellitaires fines des territoires permettent la mise en place de politiques cadastrales efficaces ;
dans le domaine de l’agriculture de précision, les images satellitaires permettent d’optimiser l’irrigation et l’utilisation des fertilisants, à l’image par exemple des activités développées par la startup sénégalaise Tolbi.
Dans ce cadre, il me semble important d’intensifier nos efforts de communication sur le potentiel de la production et de l’utilisation de ces données. En effet, trop nombreux sont encore ceux qui doutent qu’un faible investissement dans ce secteur peut néanmoins être extrêmement rentable.
C’est sans doute dû à la perception commune que le secteur spatial est lié à des activités de très hautes technologies et donc à un développement conditionné par des coûts d’accès et de développement très élevés.
Or, cette perception peut être fausse. La mise à disposition des données satellitaires à titre gracieux et garantie sur la longue durée du programme européen Copernicus est un exemple particulièrement intéressant à ce titre. Les données Copernicus, qui s’appuient sur une multitude de satellites effectuant des millions d’observations quotidiennes, sont en effet, pour leur très grande majorité, accessibles de manière complète, ouverte et gratuite.
Mesdames et Messieurs,
L’enjeu est également, et surtout, d’enseigner, de multiplier les formations universitaires, notamment pour former les géographes, les aménageurs, les géomaticiens… dans l’utilisation de ces données satellitaires.
La promotion de ces technologies doit s’accompagner de transferts d’expertise. Il existe d’ores et déjà aux Sénégal des parcours dédiés, portés par des enseignants-chercheurs reconnus. Je pense par exemple aux formations dirigées par Messieurs Labaly Touré ou encore Gayane Faye, que vous pourrez entendre dans quelques minutes. Je pense également aux partenariats existant entre le ministère de l’Enseignement Supérieur de la Recherche et de l’Innovation, avec le Centre National des Etudes Spatiales Français ou encore le Centre Spatial de l’Université de Montpellier. Actuellement, une dizaine d’étudiants y sont formés et contribueront directement au projet de lancement d’un satellite sénégalais en 2023.
Il s’agit enfin de pouvoir imaginer la construction de modèles économiques soutenables autour de l’usage de ces données satellitaires. Ces modèles passeront probablement, comme l’expérience le montre notamment en Afrique du Sud, par un couplage de l’action publique et du secteur privé, susceptible, à travers une stratégie d’essaimage, de soutenir la création de start-ups et PME.
Au final, et pour résumer, la structuration d’une filière autour de ces données, source de création de nouvelles activités et d’emplois à forte valeur ajoutée, doit reposer sur une approche globale et intégrée, impliquant des parcours de formation dédiés, un soutien aux jeunes entreprises innovantes dans ce secteur, et une meilleure information des utilisateurs sur le potentiel de développement lié au données satellitaires. Les pouvoirs publics ont, pour leur part, un important rôle d’animation, de coordination et de soutien à jouer sur l’ensemble de ces axes.
L’évènement qui nous réunit aujourd’hui à la DER représente à cet égard un moment important.
La grande diversité des interventions proposées durant ces deux journées, qui réussissent l’ensemble des acteurs et institutions sénégalais et européens intéressés par ces sujets, atteste d’ores et déjà une mobilisation exceptionnelle. J’y vois l’expression d’une volonté marquée de travailler et développer ensemble, et le témoignage des liens forts qui nous unissent, sénégalais, français, belges, et plus largement européens.
Je tiens, une nouvelle fois, à remercier tous les partenaires investis dans ce projet qui, aux côtés d’Expertise France et d’Enabel, témoigne de l’esprit collaboratif dans lequel s’inscrit notre démarche commune, et qui représentera un apport décisif, j’en suis convaincu, au succès des réflexions en cours sur l’élaboration de la Feuille de route spatiale du Sénégal.
Je vous souhaite de très bons ateliers et de fructueux échanges.
Je vous remercie pour votre attention./.